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Ce qui guide les actions des États à l'international : cas du conflit syrien

5 Novembre 2013 , Rédigé par Laurent Robichon-Leclerc Publié dans #Observations

Quelles actions peuvent être prises par les États-membres pour parvenir à régulariser la situation des réfugiés de la Syrie et à supporter les États limitrophes les accueillant ?

  1. Augmenter l’aide humanitaire et financière pour les camps (les vivres, les médicaments, la main d’œuvre, la sécurité, etc.) et pour les pays voisins touchés directement.
  2. Accueillir plus de réfugiés au pays.
  3. Régler le problème à sa source, c’est-à-dire, le conflit syrien.
  4. Faire des frontières plus étanches.
  • Pourquoi les États ne règlent pas le problème? Est-ce parce qu’ils en sont incapable? Ils en ont la capacité, mais cela exige une prise en compte de plusieurs concepts.
  1. Le Droit International Public est «l’ensemble des normes ou règles juridiques internationales qui régissent les relations entre les États, les relations entre les Organisations internationales, ainsi que les relations entre les États et les organisations internationales». Les gouvernements d’États agissent pour l’intérêt de leur gouvernement (pour continuer à exercer le pouvoir)

Il n’existe pas d’organisation internationale capable de faire respecter le DIP. Cela cause plusieurs conséquences :

1. Le DIP est un droit volontaire, de sorte que l’on procède généralement par consensus (absence d’objection majeure), ralentissant ainsi le processus décisionnel.

2. La décision de faire respecter le droit est directement liée aux intérêts des États, ce qui créer un conflit d’intérêt entre l’intérêt des acteurs et l’intérêt mondial.

3. Le principe fondamental du DIP est la souveraineté de l’état (inviolabilité et intangibilité des frontières) auxquelles seules quelques exceptions permettent un recours à la force (légitime défense, intervention d’humanité, responsabilité de protéger). Ce cadre permet aux gouvernements d’agir avec beaucoup d’autonomie, et sont moins inquiets d’être attaqués par autrui.

Nous voyons qu’il existe des institutions neutres – Organisations internationales, Organisme non-gouvernemental, etc. - au plan supranational, et que l’encadrement des actions créer un certain ordre. La communauté internationale est telle une société conventionnelle : l’inégalité et l’intérêt des acteurs ont un poids considérable malgré les lois et la bonne foi. En effet, les institutions internationales sont animées par des acteurs qui sont tout sauf neutre. Ces acteurs, qui peuvent prendre la forme d’individus, d’entreprises ou autres, mais le plus souvent ce sont les États, tiennent avant tout à leurs intérêts.

  • Quelle peut être les intérêts d’un gouvernement d’État? Pour répondre à cette question, voici deux visions de la politique qui ne sont pas exclusives l’une à l’autre.
  1. Point de vue réaliste. Cela consiste à conserver le pouvoir. Cela implique satisfaire ceux qui leur garantissent le pouvoir, le plus souvent étant le peuple (si élection il y a), mais aussi les groupes de pressions ou des secteurs économiques voir personnel lorsqu’il y a collusion. L’opinion publique a donc (dans une démocratie tout de moins) un poids majeur dans les choix effectués par les belligérants.
  2. Point de vue humaniste. Cela consiste à vouloir améliorer les conditions de vie de leur État, et si possible, ceux des autres États.

L’un des objectifs peut utiliser l’autre point de vue comme outil afin d’y accéder : améliorer le bonheur et la qualité de vie des citoyens aide le gouvernement à conserver le pouvoir.

Si la tendance générale était l’adoption du point de vue humaniste, tous s’entraiderais lors de tragédies, la faim serait éradiquée depuis des décennies et les riches donneraient leurs biens aux pauvres. Or, selon l’un des fondateurs du libéralisme économique classique, Adam Smith, «les hommes sont égocentriques et agissent selon leurs intérêts».

  • Dans ce cas, comment explique-t-on que les États offre de l’aide humanitaire et financière, acceptent d’accueillir des réfugiés, et vont parfois même jusqu’à entrer en guerre pour mettre un terme au problème?

Ces gestes humanitaires cachent souvent une deuxième facette. Cela peut être de garder une position favorable dans la diplomatie internationale (points 1 et 2) :

  1. À l’ère de la mondialisation, les États doivent participer à la diplomatie étrangère (commerce, culture, sports, alliance) pour leur propre intérêts, pour augmenter leur puissance, leur influence et leurs efficacités économiques.
  2. Pour l’intérêt des États, ces derniers se doivent de respecter les ententes et principes à l’international, pour ne pas être considérés comme un État tricheur ou voyou et ainsi rencontrer des sanctions (économiques).
  • L’un de ses principes a été instauré en 2006 pour répondre à l’inaction des États lors du génocide rwandais de 1994. Il s’agit de la «responsabilité de protéger».
  1. Les représentants d’États ont parfois des intérêts économiques ou géopolitiques dans la région. Cela explique pourquoi l’Afrique est soumise rarement à l’invasion étrangère, tandis que le Moyen-Orient l’est davantage. En effet, cette région du monde à des richesses économiques, à l’occurrence le pétrole, mais s’avère aussi un enjeu géographique important (au centre du monde), mais aussi politique. Par exemple, la présence américaine au Moyen et Proche-Orient rassure Israël, qui est un État juif entouré d’États majoritairement musulmans.

Les solutions pour pallier les problèmes quant aux réfugiés syriens nous les connaissons : augmentation de l’aide humanitaire et financière, augmentation du nombre de réfugiés vers la terre d’asile, ou encore, régler le conflit à sa source. Il existe une certaine cohésion entre les États, mais nous sommes encore dans un monde anarchique où le Léviathan supranationale, soit un pouvoir légitime capable d’exécuter la justice, n’existe pas. Les actions d’humanité existent bel et bien, mais le plus souvent elles sont entremêler aux intérêts des États, plus précisément à ceux qui ont le pouvoir sur l’État. Idéalement en démocratie, ce serait le peuple qui choisit des représentants qui satisfait aux demandes, sinon le gouvernement tombe. Cependant, les groupes de pressions et mouvements sociaux prennent une place de plus en plus grande sur l’échiquier national et international. Parfois ce sont des lobbys puissants ou des conglomérats d’entreprises qui se politisent, de sorte que les intérêts «des États» deviennent les intérêts de ceux qui ont une influencent sur le gouvernement dudit État. Ainsi, il faut que ce soit dans leurs intérêts d’agir d’une façon humanitaire, et cela passe par un renforcement des incitatifs, c’est-à-dire, un avantage, un coût/bénéfice positif. Voici les incitatifs des États en place actuellement :

  1. L’humanisme naturel.
  2. Le positionnement diplomatique.
  3. Les intérêts de ceux qui influent sur le maintien du pouvoir du gouvernement (et des acteurs influents)

Nous avons vu ci-haut comment les intérêts des États peuvent prendre forme en fonction du «pour qui? ou «pourquoi?» (peuple, groupe de pressions, collusion, augmentation de l’influence internationale). Une modification de ces éléments alterneraient le niveau d’intensité des incitatifs.

Par exemple, le Canada n’a pratiquement aucun échange économique avec la Syrie, de sorte que d’un point de vue uniquement économique, une crise en Syrie ne l’affecte pas directement. Or, si les deux pays tenaient des relations économiques plus serrés, le Canada aurait un intérêt économique de régler le problème. L’intérêt peut aussi être indirecte : si la Syrie est un grand producteur de pétrole, une crise là-bas augmenterais le prix du pétrole et affecterais le Canada.

L’économie a un poids considérable dans les décisions politiques, mais il en existe bien d’autres qui influencent les décisions. Bref, si nous prenons l’exemple d’une démocratie qui tient compte de leur peuple (point 3), un problème économique affecte les intérêts de ceux – à l’occurrence le peuple- qui influent sur le maintien du pouvoir du gouvernement.

Si nous prenons l’exemple d’un État auquel leurs belligérants ont de la connivence avec le lobbys du pétrole, une action militaire dans un État qui possède abondamment cette ressource est une cible plus attractive qu’un État où il n’y a aucune économie.

Ainsi, puisqu’il est dans le meilleur intérêt des partis d’être coopératif par l’entremise notamment d’échanges économiques, le commerce est une façon de pacifier les rapports internationaux. Cela s’est accentué avec le courant néolibéralisme (années 80) et l’augmentation de la mondialisation et des communications. Notre rapport à l’étranger évolue avec l’amélioration des communications (surtout internet) et la diffusion des cultures par la voie de la mondialisation. L’autre n’est plus cet ennemi invisible de l’époque westphalien, mais devient accessible, réel et plus humain. Un incitatif qui force les belligérants à augmenter leur actions humanitaire, est d’augmenter la sensibilisation et l’empathie à l’étranger, par la voie de l’ouverture aux cultures aux mœurs et coutumes, mais aussi d’accroître l’ouverture de l’acteur non-étatique à un autre acteur non-étatique, qui elle, passe par l’intensification des communications et du tissu transnational.

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